Chapitre séculier - Fiche en cours
L'unique collégiale d'Abbeville est dédiée à saint Vulfran qui fut archevêque de Sens, apôtre des Frisons et se retira au monastère de Fontenelle (Saint-Wandrille près de Rouen) où il mourut en 720. Ses reliques auraient été apportées à Abbeville par Guy I, comte de Ponthieu, vers 1060, et déposées dans une chapelle (dédiée à saint Nicolas et saint Firmin ?) qui aurait été rebâtie à cette occasion. Elle fut desservie par une communauté de chapelains (12 au début du XIIe siècle ?). En 1121 ou 1131, le comte Guy II de Ponthieu fonda 20 prébendes canoniales. Un acte de 1138, faux, lui attribue aussi la dotation de 6 autres prébendes, mais ces dernières, sans doute ajoutées au cours des XIIe et XIIIe siècles, ne sont positivement attestées qu'à partir de 1301. Du XIIe siècle jusqu'à sa suppression à la Révolution, le chapitre oscilla entre 18 et 26 membres, sous la direction d'un doyen, tous à la nomination du comte de Ponthieu (le roi de France définitivement à partir de 1477). En 1239, l'évêque d'Amiens, qui avait juridiction spirituelle sur la collégiale, lui reconnaissait le statut d'"église mère" de la ville. Les chanoines avaient en effet le droit de patronage sur 10 paroisses d'Abbeville (dont celle de Saint-Nicolas en Saint-Vulfran, abritée dans la collégiale et desservie par un des chanoines), 22 cures rurales et de nombreuses chapelles en Ponthieu et Vimeu. Plus grosse collégiale du diocèse, le chapitre se prétendait ainsi "fille aînée de l'évêché d'Amiens" à l'époque moderne. Après une reconstruction entamée en 1363, les chanoines se lancèrent dans un ultime et grandiose chantier gothique flamboyant à partir de 1488, mais il fut ralenti après 1539 et traîna jusqu'en 1663. Simple église paroissiale depuis 1790, l'église Saint-Vulfran, fortement restaurée après les bombardements nazis de 1940, continue à dominer la ville du haut des 56 mètres de ses tours.
Les chapellenies sont évoquées dans l'acte de fondation du chapitre en 1121 ou 1131 (mais le chiffre de 12, rapporté par l'historiographie, n'est pas dans l'acte). Elles lui sont antérieures, mais rien ne prouve qu'elles aient été abolies à l'arrivée des chanoines. Il y a en effet de nombreuses chapellenies dans la collégiale par la suite (jusqu'à 36 au XVIIIe siècle).
fondation en 1121 ou 1131
Eglise collégiale et paroissiale à partir du XIIe siècle, Saint-Vulfran est exclusivement paroissiale depuis 1790.
le doyen (attesté dès 1152) est sans doute inclu dans les 20 prébendes de la fondation initiale de 1121 ou 1131.
première attestation en 1152
en 1152, le chapitre Saint-Vulfran cède les biens de 2 prébendes au prieuré clunisien Saint-Pierre d'Abbeville à la suite d'un litige sur des donations des comtes de Ponthieu. Le doyen est pour la première fois attesté en 1152.
première attestation en 1206
apparition du trésorier dès 1206, du chantre dès 1208
première attestation en 1208
apparition du chantre dès 1208 ; création du 2 nouvelles prébendes dès 1219
Achèvement de la dotation de 2 nouvelles prébendes par le comte Guillaume de Ponthieu en 1219.
L'acte du comte de Ponthieu daté de 1138 et instituant 6 nouvelles prébendes est un faux des XVe ou XVIe siècles.
C'est le pouillé du diocèse d'Amiens de 1301 qui évoque pour la première fois de manière positive l'existence de 20 prébendes (taxées sur la base de 20 l. par.) et 6 autres prébendes plus petites (mais sans doute fondées au cours des XIIe et XIIIe siècles). On les appellent par la suite respectivement prévôtales et quotidiennes. Cette inégalité fut un sujet de discorde récurrent dans le chapitre. En 1463, 2 prébendes furent été affectées à l'entretien de six enfants de choeur et de leur maître.
En 1463, 2 prébendes furent été affectées à l'entretien de six enfants de choeur et de leur maître, si bien que jusqu'à la Révolution, le chapitre compta désormais 24 membres (les 3 dignaitaires et 21 chanoines).
début 1121 ou 1131
20 prébendes (dont 3 dignitaires) et 6 petites prébendes
première attestation en 1152
On ne conserve rien des édifices antérieurs à la dernière reconstruction, en style gothique flamboyant, dont la première pierre (côté façade) fut posée solennellement le 7 juin 1488 par le maïeur d'Abbeville Antoine Postel au nom du roi-comte de Ponthieu et des trois états de la ville, et par le doyen Jean Lemercier au nom du chapitre. Une première tranche de travaux s'étendant jusqu'en 1539 permit d'élever somptueusement cinq travées de la nef (haute de 31,70 mètres) flanquées de bas-côtés et de 6 chapelles, avec deux tours de façade s'élevant à 56 mètres de haut. Puis de manière saccadée et avec des moyens financiers bien moindres, une seconde campagne s'étira jusqu'à l'achèvement du choeur en 1661-1663. Fortement endommagé par les bombardements nazis de 1940, l'édifice de 70 mètres de long a fait l'objet de restaurations importantes depuis.
Archives départementales de la Somme, 11 G : fonds du chapitre collégial d'Abbeville (1121-XVIIIe s.)
Archives départementales de la Somme, 3 G : fonds de l'évêché d'Amiens, 3 G 436 (1258-1392), 3 G 451-459 (inventaires, 1121-XVIIIe s.)
Archives départementales de la Somme, 8 bis G : fonds de l'officialité d'Amiens, 8bis G 55 (1783)
Archives départementales de la Somme, 16 G : fonds des paroisses d'Abbeville, 16 G 17-19 et 91
Douai, Bibliothèque municipale, ms 196 : recueil des statuts de la collégiale Saint-Vulfran d'Abbeville (XVIe s.)
Bibliothèque nationale de France, n. acq. lat. 1681 : Cartulaire noir de Saint-Vulfran d'Abbeville (1190-1337)
Bibliothèque nationale de France, n. acq. lat. 1682 : Cartulaire rouge de Saint-Vulfran d'Abbeville (1209-1710)
A. Longnon, Pouillés de la province de Reims, t. 2, Paris, 1907, p. 554
Cl. Brunel, Recueil des actes des comtes de Ponthieu (1026-1279), Paris, 1930, ad indicem
Fr.-I. Darsy, Bénéfices de l'Eglise d'Amiens ou état général des biens, revenus et charges du clergé du diocèse d'Amiens en 1730, t. 2, Amiens, 1871, p. 8 et ad indicem
R. Rodière, "Table du cartulaire rouge de Saint-Vulfran", Bulletin de la Société d'émulation d'Abbeville, 3 (1894-1896), p. 67-70, 96-102
H. Macqueron, Documents inédits relatifs à l'histoire du chapitre et de l'église de Saint-Vulfran d'Abbeville publiés d'après le manuscrit du chanoine Demiannay et les actes notariés, Abbeville, 1912
F.-C. Louandre, Histoire d'Abbeville et du comté de Ponthieu jusqu'en 1789, Paris/Abbeville, 1845, tome 2, p. 476-482
G. Durand, "Abbeville. Collégiale Saint-Vulfran", dans Congrès archéologique de France. 99e session tenue à Amiens en 1936, Paris, 1937, p. 54-95
C. Du Fresne Du Cange, Histoire des comtes de Ponthieu et de Montreuil, Abbeville, 1916 (édition d'un manuscrit de la seconde moitié du XVIIe siècle)
S. Aubin-Vasseur, "Le clergé séculier d'Abbeville au Moyen Age. Les paroisses et la collégiale Saint-Vulfran du XIIe au XVe siècle", Bulletin de la Société d'émulation d'Abbeville, 28 - 4 (1999), p. 417-427
E. Prarond, Saint-Vulfran d'Abbeville, Abbeville, 1960 [extrait des Mémoires de la Société d'émulation d'Abbeville ; chapitre revu de Notices sur les rues d'Abbeville]
Les informations en italique sont incertaines
Auteur(s) de cette notice: Pascal Montaubin / Sofiane Abdi, le 28/7/2022
Pour citer cette fiche:
Pascal Montaubin / Sofiane Abdi, « Fiche de la collégiale Saint-Vulfran de Abbeville », Collégiales - Base des collégiales séculières de France (816-1563) [en ligne </?i=fiche&j=829>], version du 28/7/2022, consultée le
1121 ou 1131