Chapitre séculier - Fiche valide
Une église dédiée à Saint-Pierre existe depuis l'époque mérovingienne, au bord de l'Eure. La reine Bathilde au VIIe siècle l'aurait fondée ou restaurée, dans tous les cas pour des moines. L'église serait détruite par les Normands en 858 et en 911, comme toute la cité qui la domine.
Les actes qui documentent la présence de chanoines à Saint-Pierre, plus tard Saint-Père, sont uniquement copiés dans le cartulaire du moine de Saint-Père, Paul, entre 1060 et 1088. On peut supposer que certains originaux furent écartés et que d'autres furent interpolés ou forgés pour avancer l'ancienneté de la présence monastique à telle époque avant celle des chanoines. Le cartulaire commence par une chronique qui reprend l'histoire de Chartres depuis Jules César. Le prologue dit qu'il s'agit d'écrire l'histoire de l'une des plus importantes abbayes de Neustrie. Paul dit transcrire les archives à sa disposition écrites "par des clercs" aussi bien que "par des moines" que l'évêque Ragenfredus institua. Au milieu du IXe siècle, l'évêque Elie de Chartres pousse à l'exil les moines chez les Bénédictins de Saint-Germain d'Auxerre : ce fait, qui reste à corroborer, n'est pas connu des sources auxerroises ni de N. Deflou-Leca (Saint-Germain d'Auxerre et ses dépendances (Ve-XIIIe siècle), Saint-Etienne, 2010). Ragenfredus vécut au milieu du IXe siècle et ses actes sont les premiers à mentionner des moines. Son prédécesseur, Aganon, a laissé les premiers actes concernant Saint-Pierre de Chartres où il est question de chanoines et de "monastère". La première partie du livre du cartulaire est d'ailleurs appelé "Vetus Agano". La chronique qui l'ouvre s'appelle "Titulus Aganonis", suivie d'un premier livre qui a pris le nom de l'évêque Aganon, puisqu'il est celui qui a laissé le plus ancien acte dans le chartrier à l'époque de Paul. Ce dernier est vu comme le glorieux restaurateur du lieu, avec son successeur Ragenfredus qui a, toujours selon Paul, envoyé l'abbé Alveus et ses "chanoines" pendant 3 ans à l'abbaye de Fleury, près d'Orléans, pour s'instruire dans la règle bénédictine. Ce groupe en revint avec 12 moines de Fleury. Paul rapporte que le prédécesseur d'Aganon, Guantelmus, celui qui avait défendu sa cité contre les Normands en 911, repose à Saint-Pierre, imité ensuite par les évêques Fulbert et Thierry. De fait, Saint-Père est la nécropole épiscopale au moins depuis le Xe siècle jusqu'en 1060. Après la chronique, les actes sont ensuite copiés. Ils ont été repris en partie dans les Instrumenta de la Gallia Christiana, qu'il ne faudrait pas prendre pour des actes obligatoirement sincères.
Ainsi, selon le chroniqueur, l'an deux du règne d'Eudes, soit en 890, l'évêque de Chartres Aimericus confirme le don fait par un chanoine diacre de sa cathédrale, à l'Eglise de Chartres. Le legs est un "espace" situé près de la cité, "infra claustrum sancti Petri", contre la "terra fratrum sancti Petri". Ce lieu a été abandonné aux chanoines par le "prêtre et chanoine de Saint-Pierre" (presbyter et canonicus Sancti Petri) Winnemarus. En 949, l'évêque Ragenfredus donne une vigne pour le remède de son âme et celle de ses parents "aux chanoines du monastère de Saint-Pierre dans la banlieue de la cité de Chartres" (canonicis monasterii sancti Petri in suburbio Carnotinae civitatis). Dans une charte sans date mais située vers 945, l'évêque Ragenfredus dresse une situation calamiteuse de son diocèse dévasté et désire "réédifier des monastères", au sens régulier du terme s'entend. C'est pourquoi le pontife dit "restituer" à des moines "le monastère" dédié au prince des apôtres. Comme cet acte se trouve dans le cartulaire des moines de Saint-Père rédigé au XIe siècle et que son original n'existe pas, comme c'est d'ailleurs le cas de tous les actes précédemment cités, on pourra toujours mettre en cause une réécriture des origines du monastère et penser à une forgerie, spécialement pour cette charte. La mention d'un "monastère" dans une charte épiscopale ne pouvait gêner les Bénédictins du XIe siècle, alors qu'on sait que ce terme n'indique pas plus une présence de moines que de chanoines. Le vocable des Pierre et Paul apparaît dans une autre charte de Ragenfredus.
Les fouilles de 1978 révèlent un mur du IXe ou du Xe siècle. Le clocher-porche toujours en élévation est du Xe siècle
L'évêque appelle les moines de Fleury pour régulariser le lieu. Pour d'autres, Vulfad, abbé de Fleury (dioc. Orléans) dès 948, instaure (restaure) la vie monastique seulement vers 962-967. Pour le chroniqueur Paul, l'évêque Aganon envoya l'abbé et ses chanoines à Fleury pour 3 ans et ramener ensuite, avec 12 moines, les coutumes bénédictines
Gallia Christiana, t. 8, Paris, 1744, instrumenta, n°1, n°3, n°4
Cartulaire de l'abbaye de Saint-Père de Chartres, éd. B. Guérard, Paris, 1840 (Collection des cartulaires de France, 1), t. 1
Les informations en italique sont incertaines
Auteur(s) de cette notice: Jean-Vincent Jourd'heuil, le 27/7/2022
Pour citer cette fiche:
Jean-Vincent Jourd'heuil, « Fiche de la collégiale Saint-Pierre-Saint-Paul de Chartres », Collégiales - Base des collégiales séculières de France (816-1563) [en ligne </?i=fiche&j=1283>], version du 27/7/2022, consultée le
Pour le chroniqueur Paul, l'évêque Aganon envoya l'abbé et ses chanoines à Fleury pour 3 ans et ramener ensuite, avec 12 moines, les coutumes bénédictines. L'évêque appelle les moines de Fleury pour régulariser le lieu.
Pour d'autres, Vulfad, abbé de Fleury (dioc. Orléans) dès 948, instaure (restaure) la vie monastique seulement vers 962-967