Chapitre séculier - Fiche en cours
La collégiale Saint-Momble ou Notre-Dame de Chauny est attestée pour la première fois dans un acte de donation de Radbod II, évêque de Noyon-Tournai daté du 7 novembre 1086. Le prélat donne à cette occasion le personnat de l'autel de Jussy aux canonici de Chauny. Ces derniers sont aussi cités vingt ans auparavant dans une source hagiographique, les Miracula sancti Amandi in itinere gallico anno 1066, une histoire de la translation des reliques de saint Amand rapportée par Gilbert, moine de Saint-Amand. Ce moine indique qu'après l'incendie de son monastère en 1067 (n. st.), les reliques du saint, dans leur pérégrination, passèrent par Chauny. Témoin de la scène, il rapporte qu'elles accomplirent un tel miracle que les chanoines de Chauny s'empressèrent de faire sonner les cloches et se mirent à chanter les louanges de Dieu en compagnie du peuple. L'église de Chauny est aussi attestée en 1059 dans une donation d'Herbert IV de Vermandois sans préciser si des chanoines la desservent déjà mais il est probable qu'un chapitre de chanoines séculiers fût bien en place autour du milieu du XIe siècle. L'origine de cette collégiale nous est par contre inconnue mais elle semble étroitement liée aux seigneurs châtelains de Chauny dont le château est attesté au Xe siècle et dont la seigneurie est dans la mouvance des comtes de Vermandois. La donation de 1086, qui est aussi la première attestation de la collégiale, est en fait due à l'initiative pieuse du sire Hugues de Chauny et de son épouse Mathilde que vient confirmer l'acte de l'évêque Radbod. Par ailleurs, les prébendes de Chauny sont dites dans un acte de 1091 de calniaco castello laissant supposer que la collégiale est implantée sur le site fortifié de Chauny probablement sous la forme d'une collégiale castrale. Le plus ancien vocable documenté relatif à la collégiale est celui dédié à saint Momble, patron de Chauny. Il figure dans une bulle pontificale d'Urbain II de 1093 confirmant les possessions de l'abbaye de Saint-Quentin de Beauvais qui détenait une prébende de la collégiale de Chauny, "...prebendam in ecclesia sancti Momboli Calniacensis ". La titulature envers Notre-Dame est aussi donnée par l'historiographie traditionnelle mais semble attestée postérieurement, liée à la période arrouaisienne de la collégiale. Selon la tradition hagiographique, saint Momble est un moine irlandais qui vint en France sous le règne de Clovis II vers 650 en compagnie de Fursy, Foillan, Ultan, Béotian, Euloge, Adalgise et Gobain pour évangéliser les populations. Momble se vit confier la direction d'une communauté à Lagny par Fursy puis se retira dans un ermitage avec quelques fidèles à Condren près de l'Oise, dans le diocèse de Noyon. Remarqué par l'évêque Eloi, il se vit ensuite confier la prédication dans le diocèse et se distingua auprès des malades ainsi que par les miracles qu'il accomplit jusqu'à sa mort. Son corps initialement inhumé à Condren fut transféré à Chauny dans l'église Notre-Dame. Ses reliques furent conservées précieusement dans une châsse jusqu'en 1567, date du pillage partiel de la châsse. Le prestige procuré par la présence de ces insignes reliques dans l'église de Chauny aurait provoqué l'adoption d'une nouvelle titulature en l'honneur de Momble ou une double titulature. La collégiale est ensuite régularisée dans les années 1130 passant dans le giron de l'ordre d'Arrouaise dont l'affiliation est notifiée en 1135 par Simon de Vermandois, évêque de Noyon-Tournai. Elle devient dès lors la quatrième maison de l'ordre d'Arrouaise
La collégiale est rattachée à l'ordre d'Arrouaise, ce que ratifie un acte de l'évêque Simon de Vermandois en 1135. Les chanoines quittent le site de Chauny pour fonder l'abbaye de Saint-Eloi-Fontaine sur le territoire de Commenchon vraisemblablement à partir de 1139 mais conserve leur établissement d'origine à Chauny qui devient un simple prieuré-cure dépendant de la nouvelle abbaye
La collégiale est régularisée et rattachée à l'ordre d'Arrouaise, devenant ainsi la quatrième maison de l'ordre. Les chanoines réguliers déménagent ensuite à Saint-Eloi-Fontaine. L'église de Chauny devient alors un prieuré-cure dépendant de la nouvelle abbaye de Saint-Eloi-Fontaine
Saint-Momble-Notre-Dame est en relation avec :
Les chanoines de Chauny concèdent une de leurs prébendes à l'abbaye de Saint-Quentin de Beauvais, ce qui est attesté en 1091 et confirmé par une bulle pontifical d'Urbain II en 1093. Cette donation répond à la sollicitation d'un des chanoines de la collégiale nommé Franco qui souhaitait faire don de sa prébende à l'abbaye beauvaisienne. L'abbaye de Saint-Quentin perd le profit de cette prébende au moment de la régularisation de la collégiale et de son rattachement à l'ordre d'Arrouaise
Bibliothèque nationale de France, nal 1921, Cartulaire de Saint-Quentin de Beauvais, f°2v-4r
Miracula sancti Amandi in itinere gallico anno 1066, Acta Sanctorum, Février, I, p. 897-898
Les actes des évêques de Noyon-Tournai, éd. J. Pycke et C. Vleeschouwers, Louvain-la-Neuve, n°62
D. Lohrmann, Papsturkunden in Frankreich. Neue Folge, 7. Band : Nördliche Ile-de-France und Vermandois, Göttingen, 1976, n°14, p. 249
C. Labbé (Dom), Notice sur les origines de la ville de Chauny, Saint-Quentin, 1876
M. Melleville, Histoire de la ville de Chauny, Paris, 1851, p. 13-14
Les informations en italique sont incertaines
Auteur(s) de cette notice: Sofiane Abdi, le 28/7/2022
Pour citer cette fiche:
Sofiane Abdi, « Fiche de la collégiale Saint-Momble-Notre-Dame de Chauny », Collégiales - Base des collégiales séculières de France (816-1563) [en ligne </?i=fiche&j=1248>], version du 28/7/2022, consultée le
Le chapitre de chanoines a probablement été institué par les seigneurs châtelains de Chauny, vassaux des comtes de Vermandois avec l'appui comtal. La prébende que possédait l'abbaye Saint-Quentin de Beauvais est appelée la prébende du château de Chauny témoignant d'une collégiale sous dépendance castrale. 1086 est une attestation documentée par un acte mais les chanoines de Chauny sont cités en 1067 dans une source hagiographique