Chapitre séculier - Fiche valide
En un établissement d'origine fort ancienne vit au Xe siècle une communauté de clerici ou canonici seculares. Vers 965, le duc de Normandie Richard Ier la chasse pour y installer des moines bénédictins sous la direction de l'abbé Mainard, venu de l'abbaye de Fontenelle-Saint-Wandrille dans le diocèse de Rouen. L'archevêque de Rouen Hugues, qui a d'abord été un moine, appuie cette réforme et le roi Lothaire la confirme dans un acte de février 966 (nouveau style). La bulle de Jean XIII qui approuverait ce changement est en revanche habituellement considérée comme fausse, quoique figurant dans le récit de ces événements rédigé vers 1060 sous le nom d'Introductio monachorum et copié ensuite dans le cartulaire de l'abbaye. D'après ce récit, Richard avait d'abord interdit aux chanoines de recruter chaque année de jeunes clercs mercenaires qui chantaient les offices à leur place, pour ne conserver en cette église que les chanoines menant une vie conforme aux règles. Il constate ensuite que ceux-ci négligent le service divin et s'abandonnent aux chasses, aux orgies et aux autres plaisirs ; après avoir délibéré avec son frère le comte Raoul et l'archevêque Hugues, il prend la décision de les remplacer par des moines, qu'il fait venir, dit ce récit, de partout, tandis que les clerici quittent le Mont vers différentes destinations, emportant leurs biens. Deux d'entre eux tentent de résister et de rester dans leur cellule, mais en sont alors expulsés, l'un étant installé dans une maison sur le versant du Mont, où tout ce qui lui est nécessaire pour vivre va lui être fourni, et le second devenant chapelain dans l'abbatiale et vivant de tout ce qui lui appartenait hors de l'église majeure. Cependant, Richard II, dans une lettre datée de 1022-1026, demande aux moines de constituer des clerici, dont il ne précise ni le nombre ni le lieu qu'ils devraient desservir, qui prieront pour le salut du duc et de ses fils ; si l'un se montre négligent, l'abbé et les moines devront lui interdire de participer au service divin et le remplacer par un autre. En 1061, l'abbé Ranulfe et l'évêque d'Avranches Jean passent une convention qui répartit entre eux les pouvoirs de juridiction spirituelle sur l'abbaye et ses dépendants, convention qui fut ensuite copiée dans le Livre pontifical de l'Eglise d'Avranches puis publiée dans la Patrologie latine. Jean accorde à l'abbé les pouvoirs d'un archidiacre sur le Mont mais y retient tout le droit épiscopal sur l'abbé, les moines et douze chanoines. Cette notice spécifie que l'abbé, deux des chanoines et les prêtres du Mont doivent se rendre au synode diocésain deux fois par an. Les chanoines sont tous sub episcopi priore et les canonicats, id est praebendas précise le texte, lorsqu'ils vaquent, sont distribués à qui en est jugé digne par une autorité que le texte ne permet pas de déterminer fermement, l'évêque ou le prieur qui semble le représenter dans l'abbaye. A cette époque, moines bénédictins et chanoines coexistent donc sur le Mont. Ces chanoines prébendés peuvent avoir pris la suite des clercs demandés par le duc dans les années 1020, sans former un collège indépendant, sur le modèle peut-être des chanoines qui desservent les communautés monastiques féminines et restent sous leur étroite dépendance. Selon Lelegard, existeraient encore au XIIe siècle des clercs desservant dans l'abbaye un oratoire dédié à saint Etienne
Vocable inconnu est en relation avec :
Bibliothèque municipale d'Avranches, Ms 210, Cartulaire du Mont-Saint-Michel. Edition en fac-similé, éd. E. Poulle, P. Bouet, O. Desbordes, Les Amis du Mont-Saint-Michel, 2005, f. X-XIv ou 14-15v, XIII-XIV ou 17v-18, traduction française p. 33-36
Gallia christiana, t. 11, Paris, 1759, col. 513, Instrumenta col. 105-106
Patrologie latine, t. 147, col. 265-268
Chronique de Robert de Torigny, abbé du Mont-Saint-Michel, éd. L. Delisle, Rouen, 1872-1873, p. 26
"Inventio et miracula Sancti Vulfranni", éd. J. Laporte, Rouen, 1938 (Mélanges de la Société d'Histoire de la Normandie, XIVe série), p. 34
Recueil des actes des ducs de Normandie, 911-1066, éd. M. Fauroux, Rouen, 1961 (Mémoires de la Société des antiquaires de Normandie, t. 36), Caen, 1961, n° 49 p. 158-162
J.-F. Lemarignier, Etude sur les privilèges d'exemption et de juridiction ecclésiastique des abbayes normandes depuis les origines jusqu'en 1140, Paris, 1937, p. 158-159
J. Fournée, "Le renouveau canonial en Normandie au XIIe siècle", dans Crises et réformes dans l'Eglise de la Réforme grégorienne à la Préréforme, Actes du 115e congrès national des Sociétés savantes, Avignon, 1990, section d'Histoire médiévale et de philologie, Paris, 1991, p. 30-31
L. Musset, "Recherches sur les communautés de clercs séculiers en Normandie au XIe siècle", Bulletin de la Société des antiquaires de Normandie, t. 55, 1959-1960, p. 7, 9
G. Combalbert, "Sauf le droit épiscopal". Evêques, paroisses et société dans la province ecclésiastique de Rouen (XIe-milieu du XIIIe siècle), Caen, Rouen, Le Havre, 2021, p. 41 note 31, p. 70 note 180
M. Lelegard, "Saint Aubert", dans Millénaire monastique du Mont Saint-Michel, t. I, Histoire et vie monastique, dir. J. Laporte, Paris, 1967, p. 42-45, 52
J. Hourlier, "Le Mont Saint-Michel avant 966", dans Millénaire monastique du Mont Saint-Michel, t. I, Histoire et vie monastique, dir. J. Laporte, Paris, 1967, p. 27
Les informations en italique sont incertaines
Auteur(s) de cette notice: Vincent Tabbagh / Pascal Montaubin, le 30/7/2022
Pour citer cette fiche:
Vincent Tabbagh / Pascal Montaubin, « Fiche de la collégiale Vocable inconnu de Le Mont-Saint-Michel », Collégiales - Base des collégiales séculières de France (816-1563) [en ligne </?i=fiche&j=1052>], version du 30/7/2022, consultée le