Chapitre séculier - Fiche valide
Le site occupe l'ancien emplacement du théâtre antique de Chartres, en contre-bas de la cathédrale. Le chevet de l'église fut bâti sur une arche qui enjambait un bras de l'Eure et dont il reste l'arrachement. Une chapelle d'axe prolongeait le chevet grâce à une seconde arche achevée en 1548 qui surplombait une rue et qui disparut en 1805. Incendiée en 1861 et transformée en magasin municipal à la fin du XIXe siècle, l'église subsiste et sert aujourd'hui de salle d'exposition pour la municipalité. L'architecte Jean de Beauce y est enterré en 1530.
Peu après 1027, un chanoine de la cathédrale donna un cens "fratribus in sancti Andreae surburbio". Au XIe s., Ragenfredus et Guillaume sont notés dans l'obituaire de la cathédrale sous la qualité de diacre, chanoine de la cathédrale et abbas de Saint-André. Guillaume est attesté en 1099. Quand l'évêque Yves de Chartres institue un doyen pour remplacer l'abbas le 16 août 1108, le préambule de l'acte dit que le devoir des évêques est de veiller à ce que les biens ecclésiastiques ne soient pas aliénés par ceux-là mêmes qui desservent les églises, et de faire en sorte que les aumônes ne soient pas distribuées à ceux qui négligent les devoirs de leur charge : c'est une critique des abbates qui ont régi la collégiale auparavant. Entre 1108 et 1114, Yves de Chartres donne une partie de la dîme d'Yerville au doyen Eudes, en précisant qu'avant ce décanat, les prêtres "canonici et non canonici" ne célébraient pas tous la "messe méridienne". Eudes mourut certainement en 1115, car une bulle du 5 avril 1116 annonçant au clergé de la cathédrale que le nouvel évêque Geoffroi de Lèves avait été consacré par le pape, révèle aussi que ce dernier octroyait aussi à Geoffroi "l'abbatiat de Saint-André (abbatiam siquidem Sancti Andreae)" que son prédécesseur Yves avait tenu quarante jours avant sa mort. Est-ce à dire que le titre abbatial n'avait pas été supprimé ou que le chapitre cathédral et le nouvel évêque ne voulaient pas reconnaître l'existence d'un doyen, par trop indépendant de l'Eglise de Chartres ? Yves n'a-t-il pas eu le temps de permettre l'élection d'un successeur au doyen Eudes ? Ce dernier jouissait bien d'un obit dans la collégiale sous cette qualité. Par le cursus du nouveau chef de la collégiale, on devine que le chapitre cathédral remit la main sur l'établissement, jusqu'à rétablir l'ancienne dignité supprimée depuis peu. En effet, en 1119, Galeran, abbas de Saint-André, apparaît comme prévôt de la cathédrale (...1128). Dans une charte épiscopale de la même année, le prévôt de Saint-Chéron et "Gallerannus abbé" apposent leur signum au milieu des chanoines et dignitaires de la cathédrale, ils sont sans doute membres du chapitre cathédral par leur fonction. Dans cette source, le titre abbatial de Galleran n'est suivi d'aucun lieu, comme si cela était subalterne.
Mort vers 1136, Galerannus est inscrit dans l'obituaire de Saint-André sous la qualité de prévôt de la cathédrale et premier abbé de Saint-André (hujus ecclesie abbas primus). En 1134, "Guillaume prêtre de Saint-André" est témoin d'une notice chartraine, dans une fonction que l'on peut entendre comme celle de curé. En 1162, Alexandre III confirme des possessions de l'évêque de Chartres, et en premier dans la liste, "l'abbaye Saint-André".
Mort après 1187, le cardinal Pierre est enregistré dans l'obituaire de la cathédrale avec les titres d'évêque de Tusculum, de chanoine de Notre-Dame et d'abbas de Saint-André, et dans celui de la collégiale sous la mention "obiit Petrus dictus cardinalis, hujus ecclesie abbas". Le cardinal légat est à Chartres en 1177 au milieu des chanoines de la cathédrale (L. Merlet et L. Jarry, Cartulaire de l'abbaye de la Madeleine de Châteaudun, Châteaudun, 1896, n°32). Entre 1173 et 1176, il avait confirmé, comme légat, l'acte de Guillaume de Champagne, évêque de Chartres et en même temps archevêque de Sens, qui avait pris une mesure radicale pour la construction et la réparation de la collégiale. Il fut ainsi question d'utiliser les revenus d'une année entière de chaque prébende. En 1190, une charte épiscopale mentionne Hugues, abbé de Saint-André.
Il y a un "recteur" de l'église Saint-André au XIIIe s. En juillet 1214, le doyen et le chapitre décident qu'un chanoine demandant la cure doit être préféré à tout autre. La collégiale est dédicacée en 1225. En 1423, le chanoine de la cathédrale Jacques de Templeuve, baptisté dans la collégiale, fait un don par testament aux "doyen et chappitre de l'église collégial de Saint André de Chartres".
En 1435 fut institué un "maître ou recteur et gouverneur des écoliers de Saint-André"
L'abbas est en même temps chanoine de la cathédrale et certainement choisi par au sein du chapitre cathédral. Au tout début du XIIe siècle, l'évêque de Chartres peut cumuler la qualité d'abbé de Saint-André. Après la tentative d'institution d'un doyen, en 1119, "Galeran abbé de Saint-André" appose son signum au milieu des dignitaires du chapitre de la cathédrale, comme prévôt, au bas de la charte épiscopale qui confirme la fondation des chanoines réguliers de Saint-Jean-en-Vallée de Chartres : il n'est pas impossible que l'abbatiat soit redevenu une dignité du chapitre cathédral. La même année, dans une position identique, son signum ne le désigne que comme "Galeran abbé"
Le 16 août 1108, l'évêque Yves de Chartres, avec l'accord du doyen et des chanoines de la cathédrale, institue un doyen "dans l'église Saint-André située dans le suburbium" pour l'utilité des chanoines (pro utilitate canonicorum) qui y demeurent. Le doyen doit à l'avenir être élu par les chanoines de la collégiale et appartenir au préalable à cette communauté.
Le doyen Eudes institué par Yves de Chartres meurt quelques mois avant cet évêque et il n'est pas certain que la dignité décanale lui survive au XIIe siècle
La fonction décanale réapparaît au début du XIIIe siècle
Source : pouillé transcrit vers 1272
Source : pouillé transcrit vers 1272
Archives départementales de l'Eure et Loir, G supp 243, G supp 782
A. Molinier, Obituaires de la province de Sens (Recueil des historiens de la France, 2), Paris, 1906, p. 4, p. 6, p. 9, p. 19, p. 78, p. 187, p. 195, p. 255, p. 344-350
Cartulaire de l'abbaye Saint-Jean-en-Vallée de Chartres, éd. R. Merlet, Chartres, 1906, p. 12, p. 14, p. 21, n°437
Cartulaire de Notre-Dame de Josaphat, éd. Ch. Métais, Chartres, 1911, t. 1, n°89
Cartulaire de Notre-Dame de Chartres, éd. E. de Lépinois et L. Merlet, Chartres, 1862, t. 1, p. 124-125, p. 169-171, p. 220-221
Cartulaire de l'abbaye de la Madeleine de Châteaudun, éd. L. Merlet et L. Jarry, Châteaudun, 1896
R. Merlet, "Documents sur les origines de l'église collégiale de Saint-André de Chartres", Le cinquantenaire de la Société archéologique d'Eure-et-Loir, Chartres, 1906, p. 480-494
Les informations en italique sont incertaines
Auteur(s) de cette notice: Jean-Vincent Jourd'heuil, le 27/7/2022
Pour citer cette fiche:
Jean-Vincent Jourd'heuil, « Fiche de la collégiale Saint-André de Chartres », Collégiales - Base des collégiales séculières de France (816-1563) [en ligne </?i=fiche&j=560>], version du 27/7/2022, consultée le
A la fin du XIe siècle, la communauté est dirigée par un abbas, par ailleurs chanoine de la cathédrale de Chartres