Chapitre séculier - Fiche à valider
Les sources ne permettent de fixer ni un siècle d'origine à la communauté, ni la date où le corps de saint Hildevert, évêque de Meaux mort en 690, y aurait trouvé place. En 1278, dans une lettre de concession d'indulgences pour la rénovation du bâtiment, l'archevêque de Rouen affirme la présence de cette relique en cette église. La chronique du moine de Saint-Riquier Hariulf fait allusion aux chanoines de Gournay, vers 1100, en affirmant que leur église fut construite pour accueillir le corps du quatrième abbé de son monastère, vivant au VIIIe siècle, Guitmar. Mais le lien entre le chapitre et les seigneurs de Gournay atteint une grande intensité. Une bulle des années 1190 mentionne Hugues de Gournay comme patron de la collégiale; le roi de France, maitre de la ville à partir de 1202, jouit de la collation des bénéfices, peut-être après cooptation par les chanoines eux-mêmes. En l'état actuel des publications, aucune provision pour un bénéfice dans cette collégiale n'a été accordée par la cour pontificale d'Avignon. Au XVe siècle, les sources bien conservées ne montrent aucun exercice d'un droit de collation des bénéfices de Gournay par l'archevêque. En 1192, Hugues de Gournay a obtenu de Célestin III une bulle interdisant à tout évêque d'excommunier le doyen et les chanoines. Si Eudes Rigaud visite au moins onze fois la collégiale entre 1248 et 1268, des sources plus tardives affirment que l'archevêque ne peut exercer ce droit qu'une seule fois au cours de sa vie. Au XIIe siècle, le chapitre serait composé d'un doyen, huit chanoines, six chapelains et deux vicaires perpétuels. Apparaissent aussi un trésorier et un sainturier, peut-être le gardien des précieuses reliques des saints. Les visites d'Eudes Rigaud mentionnent invariablement neuf chanoines dont le doyen, beaucoup ne résidant pas notamment parce qu'ils sont aux écoles. L'une d'elles évoque la chantrerie comme un simple office, une autre, en mars 1259, précise les termes d'un contentieux entre le doyen et les chanoines: ceux-ci affirment que le doyen ne jouit pas d'une stalle particulière au choeur, qu'il ne corrige pas leurs défaillances, non plus que celles des clercs de cette église, et donc qu'ils ne le considèrent pas comme le doyen de leur chapitre, mais comme comme un doyen rural ou de chrétienté. L'archevêque ne tranche pas le débat. En 1299 il est question dans une charte de deux prêtres du grand autel, de vicaires et de chapelains. Les prébendes ont une valeur égale, estimée à 30 livres au milieu du XIVe siècle, le doyen ne percevant pas davantage que les autres chanoines, ce qui n'est pas le cas du trésorier taxé à 45 livres. Le chapitre, outre, par concession du seigneur dans le second quart du XIIe siècle, l'autorité sur les écoles de la ville, détient le patronage de plusieurs paroisses, notamment celles de Saint-Hildevert et de Notre-Dame, à Gournay, dont les curés, choisis peut-être au sein de chapitre, n'ont pour ce ministère que le statut de vicaires perpétuels, rémunérés par une pension du chapitre, lequel perçoit toutes les offrandes des fidèles. L'autel de la paroisse Saint-Hildevert était établi dans la chapelle Notre-Dame de la collégiale. En 1269, une sentence arbitrale rendue par l'archevêque fixe que l'archidiacre exercera son droit de visite sur la paroisse et son desservant. D'après une visite d'Eudes Rigaud, on sait que les frères et soeurs de l'Hôtel-Dieu de la ville sont reçus par consentement des frères, du chapitre de Saint-Hildevert et des bourgeois. Le bâtiment, dont la construction aurait commencé au XIe siècle, est toujours en élévation mais le chapitre a disparu en 1790
L'existence du trésorier est mentionnée dans le pouillé du XIVe siècle, mais il n'est pas certain qu'il existe au milieu du XIIIe siècle car les visites d'Eudes Rigaud ne le mentionnent pas
Le roi a succédé à la famille de Gournay, par confiscation en 1202, dans la seigneurie de la ville
Archives départementales de la Seine-Maritime, G 1803, 9425 (cartulaire), G 9426, 9451 fol. 5r, 9463 fol. 14v
A. Longnon, Pouillés de la province de Rouen, Paris, 1903 (Recueil des Historiens de la France. Pouillés, 2), p. 49
F. Lot, Chronique de l'abbaye Saint-Riquier, Paris, Picard, 1894, p. 44
T. Bonnin, Journal des visites pastorales d'Eudes Rigaud archevêque de Rouen, Rouen, 1852, p. 13, 67, 114, 146, 206, 255, 318, 360-361, 412, 549, 619
L. Delisle, Cartulaire normand de Philippe-Auguste, Louis VIII, saint Louis et Philippe-le-Hardi, Caen, 1882, p. 39 n° 251
L. Musset, "Recherches sur les communautés de clercs séculiers en Normandie au XIe siècle", Bulletin de la Société des antiquaires de Normandie, t. 55, 1959-1960, p. 7
R. Potin de La Mairie, Recherches historiques sur la ville de Gournay-en-Bray, 1842, t. I, p. 88, 135, 373-458, t. II, p. 1-8
Dictionnaire topographique de la Seine-Maritime, p. 439
Les informations en italique sont incertaines
Auteur(s) de cette notice: Vincent Tabbagh, le 27/7/2022
Pour citer cette fiche:
Vincent Tabbagh, « Fiche de la collégiale Saint-Hildevert de Gournay-en-Bray », Collégiales - Base des collégiales séculières de France (816-1563) [en ligne </?i=fiche&j=184>], version du 27/7/2022, consultée le
Le Pouillé du XIVe siècle donne les noms de sept chanoines en plus du doyen et du trésorier