Chapitre séculier - Fiche à valider
Le clergé de Mortagne a demandé à Mathilde, veuve du comte du Perche Geoffroy, la fondation d'une communauté de clercs. Mathilde, princesse de haut rang puisque fille du duc de Saxe et de Mahaut d'Angleterre et donc soeur de l'empereur Othon IV et nièce de Richard Coeur de Lion et de Jean sans Terre, répond favorablement par une charte du 7 mars 1203, en présence de son fils Thomas, donnant des revenus sur le château de Mortagne, dans l'enclos duquel une église va être bâtie, et sur un moulin. L'acte précise que le territoire de Mortagne est alors dépourvu de toute collégiale, mais Mathilde associe ensuite à cette communauté le prieur de La Madeleine de Chartrage, communauté de chanoines réguliers fondée à proximité de Mortagne dès avant 1190, celui du prieuré bénédictin de Saint-Denis de Nogent-le-Rotrou et celui du couvent des Trinitaires qu'elle fonde à Mortagne en 1204 sous le vocable de saint Eloi. Par la suite, d'autres dons, tout au long du XIIIe siècle notamment, viennent accroître l'effectif de la communauté, qui se partage entre chanoines et chapelains. Le comte du Perche Guillaume, évêque de Châlons, fonde vers 1220 la dignité de chancelier, mais celle de doyen existait sans doute auparavant, mentionnée en tout cas en 1259, lorsque son titulaire siège au concile provincial de Pont-Audemer. Le nombre des chanoines n'est pas fixé, comme le note Eudes Rigaud dans ses visites et plus tard les lettres apostoliques et les suppliques adressées au pape du XIVe siècle, qui précisent aussi qu'il n'y existe pas de distinction des prébendes. Dans sa visite de 1255, Eudes Rigaud affirme que vingt chapelains sont tenus à la résidence et qu'ils ont chacun un clerc, que le prêtre de la paroisse a la cure des âmes des canonici, que la communauté suit les usages de Chartres et que trois prêtres sont accusés d'incontinence. En celle de 1260, il note que l'effectif atteint environ cent membres, qu'existent quatre personnats, le doyen, à qui appartient la correction des clercs, le chancelier, le prévôt et le chantre, que les vingt-et-un chapelains tenus à la résidence participent aux distributions quotidiennes et que l'évêque de Sées a puni ceux qui avaient été accusés d'incontinence. Selon l'historien Vigile, le nombre des chapelains aurait été abaissé à douze en 1358. Les suppliques adressées à Urbain V dans les années 1360 assurent quelques informations supplémentaires. L'une, en 1363, parle de canonicat ou portion canoniale, une autre indique que le décanat est un bénéfice cum cura, électif, dont la valeur est estimée à 25 livres tournois, une troisième, en 1365, émane d'un clerc du diocèse de Sées que les doyen et chapitre de Mortagne ont élu chanoine du lieu en son absence, une lettre commune, en 1362, ayant spécifié que la collation des canonicats appartenait au chapitre. D'après une lettre commune de Grégoire XI en 1373, la collation du décanat se fait par l'autorité ordinaire de l'évêque de Sées, après son élection par le chapitre donc. Cependant, d'après l'historien Vigile, le comte d'Alençon, comte du Perche, aurait prétendu en 1399 nommer les dignitaires et chanoines, et un partage serait intervenu, le chapitre élisant le doyen et le trésorier, le comte nommant le chancelier et l'évêque le chantre, la nomination des chanoines et chapelains appartenant en alternance au comte et au chapitre. Suppliques et lettres montrent que les revenus des canonicats sont plutôt faibles, n'étant pas soumis à la décime par exemple ; un chanoine résident en retire une vingtaine de livres, les non résidents ne percevant rien. D'après un compte de 1373, le chapitre doit moins de six livres, au titre de la procuration, à l'évêque qui vient le visiter. Pourtant, ces sources témoignent aussi que des personnages éminents ont tenu un personnat ou un canonicat à Toussaint, le chancelier du comte d'Anjou et professeur de lois Guillaume de Champeaux en 1302, Guillaume de Flavacourt, chancelier de Charles de France comte de la Marche, en 1318, avant de commencer l'année suivante une brillante carrière épiscopale qui le conduira sur le siège de Rouen, un docteur en théologie en 1335. En 1289, Nicolas IV a demandé à l'évêque de Sées d'accorder à la collégiale le droit d'inhumation pour les clercs et laïcs qui en dépendent, dans un terrain appartenant aux fonds du chapitre. D'après les Pouillés du XIVe siècle, celui-ci détenait le patronage de la paroisse de Saint-Aubin des Grois au diocèse de Sées et celui de Saint-Germain de Clairefeuille au diocèse de Lisieux. En 1371, Grégoire XI accorde une indulgence d'un an et quarante jours, valable vingt ans, pour la réparation de l'église. La communauté perdure jusqu'à la Révolution, des bâtiments ne subsistent aujourd'hui que la crypte de l'église et l'hôtel du doyen construit à la fin du XVe siècle.
La supplique n° 1717 adressée à Urbain V en 1365, témoigne que les chanoines sont élus par le chapitre
La lettre commune de Grégoire XI n° 27022 montre que la collation du décanat appartient à l'évêque de Sées
Ne subsiste aujourd'hui que la crypte de l'église, dédiée à saint André
Archives départementales de l'Orne, G 665-667, 1 J 381
Journal des visistes pastorales d'Eude Rigaud archevêque de Rouen, éd. T. Bonnin, Rouen 1852, p. 78, 233, 372
Lettres d'Alexandre IV n° 1594, Ut per litteras apostolicas, Brepolis [en ligne]
Lettres de Nicolas IV n° 1505, Ut per litteras apostolicas, Brepolis [en ligne]
Lettres de Boniface VIII n° 4757, Ut per litteras apostolicas, Brepolis [en ligne]
Lettres communes de Clément V n° 180, Ut per litteras apostolicas, Brepolis [en ligne]
Lettres communes de Benoît XII n° 321, Ut per litteras apostolicas, Brepolis [en ligne]
Lettres communes de Jean XXII n° 7185, 25248, 40350, 43446, 48950, 48983, 51572, 53311, 53314, 57887, 59129, Ut per litteras apostolicas, Brepolis [en ligne]
Suppliques d'Urbain V n° 31, 372, 720, 806, 964, 967, 1631, 1649, 1717, 1741, 1809, 1860, 2157, Ut per litteras apostolicas, Brepolis [en ligne]
Lettres communes d'Urbain V n° 3990, 4102, 4665, 4796, 6864, 7241, 7245, 7259, 7677, 7987, 9826, 12386, 13616, 13745, 16342, 20056, 22770, 25913, Ut per litteras apostolicas, Brepolis (en ligne]
Lettres communes de Grégoire XI n° 6990, 10375, 10951, 13884, 21872, 22614, 27022, 30091, 30094, 37660, Ut per litteras apostolicas, Brepolis [en ligne]
A. Longnon, Pouillés de la province de Rouen (Recueil des Historiens de la France. Pouillés 2), Paris, 1903, p. 203 A, 204 A, 236 C, 263 F
J. Vigile, "L'église collégiale et royale de Toussaint à Mortagne", Cahiers Percherons, hors série, 4e trimestre 1979
Diocèse de Sées (Fasti Ecclesiae Gallicanae n° 9), Turnhout, 2005, p. 6
Les informations en italique sont incertaines
Auteur(s) de cette notice: Vincent Tabbagh / Pascal Montaubin, le 30/7/2022
Pour citer cette fiche:
Vincent Tabbagh / Pascal Montaubin, « Fiche de la collégiale Toussaint de Mortagne-au-Perche », Collégiales - Base des collégiales séculières de France (816-1563) [en ligne </?i=fiche&j=1069>], version du 30/7/2022, consultée le
La supplique adressée à Urbain V n° 967 mentionne la chantrerie de la collégiale, et la lettre commune de Grégoire XI n° 30094 la mentionne en 1374